Le vent se lève
Je suis assise à l’ombre ,sous la tonnelle, silence , c’est l’heure de la sieste, le plein été.
J’écoute.
Un oiseau siffle trois notes aiguës
qu’il répète avec une obstination de maniaque
Je veux qu’il cesse.
Le ronron cotonneux d’un avion file entre les nuages. Il trace un long trait blanc vers le Sud .
J’ai envie de partir..
Un oiseau siffle trois notes aiguës,
La moissonneuse entre en marche ,comme à l’usine. Elle écrase tout. Ca jacte et ferraille, ça tamponne, pistonne et ça boulonne, ça souffle ça s’essouffle, ça s’époumone et tape à bras raccourcis dans les gerbes dociles, vaincues.
Je m’indigne .
L’oiseau siffle ses trois notes
On tambourine au dessus de nos têtes L’hélicoptère de l’hôpital passe, comme un orage,
Vacarme saccadé, il crache, son bruit d’ arme de guerre,
Entêté mais sûr de lui, il va au front,
Je le trouve très courageux.
L’oiseau siffle toujours
Un bien jappe, claquement dans le vide, comme ça, pour rien
Je plains ses maîtres
l’oiseau, encore ...
Rumeur dans les branches ,les feuilles ont un peu froid, elles s’affolent, se frôlent, en chuchotant elles se confient des secrets.
Quoi ? J’entends mal...
Le vent se lève .
Albertine