Pour écrire l’Histoire de ma Vie, j’avais besoin de retrouver quelques repères. Il me manquait des noms de personnes que j’avais pu connaître à une certaine époque de cette vie. C’était ma période bauloise. J’ai donc cherché dans mon armoire où sont rangés tous mes carnets, mes agendas et mes anciens répertoires abandonnés parce qu’ils n’étaient plus au goût du jour. C’est vrai, les années passent avec les gens que l’on a perdus de vue pour différentes raisons. En cherchant bien, j’ai donc retrouvé un répertoire datant des années 1970 ; il est gris, un peu jauni par le temps et souvent raturé et écorné. Je le prends et le consulte avec un certain étonnement mêlé d’un certain plaisir… et tous les souvenirs de cette époque se bousculent et reviennent avec force. On voit qu’il y a des pages plus usagées que d’autres, celles que l’on consultait le plus souvent. Au hasard, je regarde les lettres de l’alphabet.
A la lettre B, figurent beaucoup de noms avec adresse et numéro de téléphone, à cette époque il n’y avait pas encore de portable mais les personnes avaient quelquefois deux résidences qui étaient notées.
Les Boquet, mes premiers amis lorsque nous nous sommes installés à La Baule en résidence principale. Ce sont eux qui nous ont permis de nous intégrer dans cette ville balnéaire connue de moi depuis 1963 seulement pendant les vacances. Que de souvenirs me reviennent en mémoire. Les dîners baulois, c’était quelque chose. Les femmes étaient bien habillées, les hommes portaient costume et cravate ; quand nous passions à table, tout était parfait : argenterie, cristallerie, nappe brodée, fleurs sur la table, place indiquée pour chacune et chacun, les mets étaient délicats et bien arrosés. L’ambiance était en général joyeuse et plus décontractée qu’à l’apéritif, les alcools désinhibent c’est bien connu.
Les Belot, avec lesquels nous jouions au bridge ; lui était dentiste et nous soignait. Il était rempli de tics mais était charmant.
Les Lemercier, lui chirurgien à la clinique de La Baule et associé du docteur Boquet également chirurgien. Chez eux, tout était plus guindé. Le service à table était fait par leur fille aînée qui avait l’âge d’Olivier, ce qui me choquait beaucoup. Je me souviens bien sûr d’un dîner bridge durant lequel j’avais pour partenaire un certain Jacques Grilliat que je ne connaissais pas encore et qui deviendra bien plus tard mon second mari. Nous avions fait des merveilles avec de multiples grands schlems alors que je jouais très mal ; le courant passait déjà alors que nous ne nous connaissions absolument pas. Je m’aperçois que son nom ne figurait pas encore dans ce répertoire !
Colin Denise, une amie très passagère qui avait une maison toute blanche plage Benoît. Elle m’invitait au Castel Marie Louise lorsque mon mari était absent.
Coiffeuse, dont je ne me souviens pas le nom, avec laquelle j’ai commencé mes premières mèches blondes.
Catrani Jean-Marie, mon premier amour italien dont j’ai toujours gardé les coordonnées.
Les Platanes, le nom du club équestre où je montais à cheval avec Nicole Boquet. Que de chutes dans le manège ou la carrière, et les balades sur la plage où je me suis fait « embarquée » avec Darius, le cheval que j’avais en demi-pension.
G – page bien remplie avec tous les Gigon, membres de ma belle-famille. C’est vraiment du passé.
Gradi, le nom de mes parents.
Marcelot, le nom marital de ma sœur Nicole. J’allais chez eux à Beauchêne, leur maison de campagne, avec les enfants pendant les vacances ou dans leur appartement parisien du boulevard Gouvion Saint Cyr où j’avais habité avec mes parents étant jeune fille. Ils venaient aussi à La Baule pendant les vacances d’été.
Treilhard, notaire à La Baule. Genre très provincial. La femme avait des yeux immenses, bleus comme la mer par beau temps. Ils avaient quatre enfants dont un qui avait quelques problèmes mais ils s’en occupaient merveilleusement bien. Chez eux aussi, les dîners bridge étaient un peu guindés mais se détendaient peu à peu avec les verres absorbés.
Hamon Nicole, une amie délicieuse, antiquaire, elle avait un hôtel particulier à Nantes avec des meubles et des tapis de toute beauté. Elle avait aussi un appartement sur le remblais à La Baule et tous les ans nous allions assister au feu d’artifice du 14 juillet sur sa terrasse. Elle était élégante et très gaie. Elle faisait partie du Cercle Richard Wagner de Nantes et assistait tous les ans au festival Wagner organisé par Jacques dans sa maison de campagne de Férel. Que de bons moments passés avec elle et son ami
Pascale Grilliat Histoire de ma vie La Passagère mai 2019