Je trône dans l’entrée, je suis grand, je suis beau.
Je suis très utile et décoratif et surtout… je connais les secrets de toute cette famille qui se sert de moi chaque jour.
Lui réajuste sa cravate, sa chemise (en rentrant son ventre) enfile sa veste et se penche dangereusement vers moi pour inspecter l’intérieur de ses narines et l’état de ses dents.
Quelle horreur de m’infliger cela.
Il termine souvent par un petit sourire satisfait avant de récupérer sa sacoche puis sortir.
Elle est plus sympathique, plus naturelle et selon les jours je devine, à ses vêtements, à sa coiffure, son état d’esprit.
Aujourd’hui elle était plutôt guillerette, bien maquillée, vêtue de son tailleur bleu marine qui signale son absence de la maison pendant quelques jours.
Elle noue son foulard tricolore autour du cou et s’adresse un petit clin d’oeil complice avec elle-même (ou avec moi ?).
Je préfère ça à son jogging défraîchi qu’elle porte lorsqu’elle reste à la maison, les cheveux en queue de cheval qu’elle tente vainement de recoiffer en baillant.
Le jeune garçon doit avoir une amourette depuis peu, il a l’air… comment dirais-je ? plus propre !
Il change de vêtements presque chaque jour, s’arrête devant moi à de nombreuses reprises pour modifier l’ordre de sa coiffure. A arrêté, dieu merci, de mâchonner ses éternels chewing-gum.
Malheureusement, je suis au premier rang pour étudier l’évolution de son acné !
Sa sœur est jolie, un peu maigre cependant. Elle s’observe satisfaite après le petit-déjeuner, en faisant un ou deux tours complets devant moi. Souvent en terminant son éternelle pomme verte.
J’aimerais lui renvoyer un reflet bienveillant qui la persuaderait de se remplumer un peu.
Et il y a le chien Filou, qui en vieillissant a cessé de se battre contre sa propre image, il aboyait rageusement. Ça m’amusait.
Il passe maintenant en m’ignorant.
Agnès C. 4 Mars 2024