Le petit club équestre estival se trouvait à Lencly entre Le Croisic et La Turballe. Je dis bien « estival » car il n’a duré qu’un été. Le trajet était La Baule-Lencly et Lencly-La Baule en traversant les marais salants de Guérande. Un trajet rituel ? Pas tant que ça. Chaque fois, que ce soit à l’aller ou au retour, je le trouvais différent. Le trajet du matin n’était pas le même que celui de la mi-journée ou celui du soir. Mais pourquoi ? Parce que l’éclairage était autre à chaque heure du jour mais les herbes folles dansaient toujours au rythme du vent changeant. La lumière du matin était un peu brumeuse et ouatée, celle de l’après-midi était plus oblique et sans mystère mais elle rayonnait, quant à celle du soir, elle était la plus subtile, le trajet devenait alors une peinture de Turner avec ses ciels nacrés.
Les teintes changeaient aussi bien sûr avec ces éclairages. Les eaux rectangulaires reflétaient tous les ciels de la journée, les petites pyramides de sel étaient plus ou moins blanches selon la luminosité. Les trajets du matin et du soir étaient habités par la faune des marais ; les grues blanches et les hérons gris venaient se poser avec une nonchalance inquiète. Quant aux mouettes, elles occupaient l’espace toute la journée en poussant leurs cris de mouette.
Au cours de ces trajets, je m’arrêtais quelquefois pour profiter pleinement de ces tableaux changeants et écouter un certain silence interrompu seulement par les mouettes, le chant des alouettes et le bruit du vent, souvent une brise douce, séductrice et caressante.
Ce même trajet était donc peuplé de différences qui accompagnaient mes états d’âme du moment et dont je garde le souvenir plein de charme et toujours vivant.
Pascale G