Après une lecture du dernier roman de Mari-Hélène Lafon "Nos vies" Buchet-Chastel
Les routines sont une répétition qui permet d’exister. Elles ordonnent le monde.
Depuis que j’ai diminué le nombre de cigares fumés dans une journée ( je suis tout de même passée de 10 cigares à 3, ce n’est pas si mal), j’ai dû diminuer également et transformer les petites routines qui régissent et jalonnent ma vie en me donnant l’impression de mieux exister.
La routine étant un besoin répétitif, fumer un cigare en donc un pour moi. Quand je reviens le soir chez moi après avoir fait des courses ou après un dîner chez des amis où il est bien entendu interdit de fumer, ma routine personnelle est ennoblie parce que justement interdite, ce qui la rend encore plus délicieuse. Je sais que le cigare m’attend dans son coffret de loupe d’orme et moi, je le pressens en descendant de voiture à la campagne ou en prenant l’ascenseur à Paris. Mais je prends mon temps parce que ce n’est pas n’importe quelle routine celle du cigare ! Je me mets à l’aise, j’ôte mon manteau ainsi que mes chaussures. Je passe devant le coffret et ne l’ouvre pas encore. J’écoute mes messages, ouvre mon ordinateur. Je cherche un briquet que je ne trouve pas toujours immédiatement, et je me présente devant le coffret, cette fois, je l’ouvre, et l’odeur exquise et unique de tabac cubain s’en dégage et inonde mes narines. Je prends délicatement un cigare, car c’est un objet fragile le cigare. Celui-ci est décalotté, je n’ai donc pas à le faire. Je le hume intensément et le porte à ma bouche. Je sais, un cigare doit s’allumer avec une allumette pour les connaisseurs, mais je n’en ai pas sous la main, le briquet Bic rouge vif fera donc l’affaire. Je l’allume en aspirant à la fois doucement et vivement. L’extrémité rougeoie joliment et la fumée grisée s’échappe avec une langueur ondulée. Le goût indéfinissable du havane dans sa plénitude légèrement âcre m’envahit alors que des volutes bleuâtres s’enfuient vaporeusement autour de moi diffusant l’odeur du tabac que tout le monde exècre et que moi je ne déteste pas. Ma routine est à son apogée et je l’apprécie manifestement avec une immense satisfaction.
Pascale G.