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Dire que le temps n’a pas atteint mon physique serait une aberration.

Malgré tout, les usures et les soucis liés à un corps qui se fane, s’épuise et se rappelle à moi, cela n’a pas atteint ma curiosité et mon envie d’apprendre . Rire et humour sont des compagnons de route, pour appréhender l’inespoir lié à la condition humaine.

Avant, je dansais, je sortais, j’étais à mille endroits et je sens que maintenant, ceci est difficile, voire impossible.

Dire que je me plais serait beaucoup, mais j’accepte que la donne ait changé.

Les remaniements perpétuels pour essayer de faire cohabiter mes désirs profonds, mes envies et ce corps qui résiste à m’obéir est un défi auquel je me plie.

Tout est toujours en mouvement et c’est la vie, tout simplement.

Les rides, les kilos supplémentaires, sont bien là et je m’en arrange.

Je suis beaucoup, beaucoup moins agile, alors, mon pas est bien obligé de suivre la cadence.

J’essaie d’être lucide et je remarque les traces laissées par le temps.

Certaines sont le signe de mon caractère joyeux, telles les pattes d’oies qui font des étoiles autour de mes yeux.

Mon visage s’affaisse doucement et, autour de mes lèvres, je vois bien que la peau ne suit plus.

Les crèmes soit-disant miraculeuses ne donnent pas les résultats escomptés.

Bien sûr, il y a la chirurgie esthétique, j’y ai pensé, figurez-vous, mais un visage lisse sur un corps qui se meut plus difficilement me paraît accentuer encore plus les effets du temps.

J’ai souvent l’impression d’être en contradiction profonde entre une force créative et ce corps qui m’empêche de faire ce que je voudrais.

Mais, c’est bien cela qui est à conquérir, ce passage entre ce corps vieillissant et mes envies encore juvéniles.

Mais mon âge me fait aimer ce que je suis devenue, mes petits-enfants, par exemple,qui me transmettent leur énergie et s’étonnent quand je ne cours plus après eux comme lorsqu’ils étaient petits.

Plus de cache-cache, de course dans le jardin ; mais des parties de Trivial pursuit et de Monopoly endiablé où je ris intérieurement de leurs colères quand ils ne peuvent acheter les meilleures rues.

Moments furtifs où le regard amoureux de mon compagnon me rend belle.

Il est vrai que ce temps qui passe me rapproche de la finitude, mais que serait la vie sans fin ?

Ce qui donne du prix à la vie c'est qu’elle n’est pas éternelle, alors, j’essaie de construire, créer, faire des liens avec les autres et vivre en accord avec mon désir.

Ce que j’ai obtenu et n’avait pas avant, c’est une sorte de paix du soir, une sérénité, enfin, pas toujours, mais de plus en plus de distance avec les petits pépins de la vie.

Des pépites à la place des pépins, ce n’est pas mal non plus !

 

Marcelle

                                              

Tag(s) : #Textes de participants, #Marcelle, #La Passagère
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