Un évènement historique qui a été marquant dans ma jeunesse.
En 1956, j’ai 15 ans. Il n’y avait pas encore de télévision à la maison. Mes parents et moi écoutions tous les soirs la radio pour connaître les informations dans le salon ou la salle à manger.
Le 5 novembre 1956, nous apprenons que depuis la veille les chars soviétiques ont envahi la ville de Budapest pour mettre fin au soulèvement des intellectuels, des étudiants et des ouvriers contre la république populaire de Hongrie et ses politiques imposées par l’U.R.S.S. C’est un véritable carnage, les étudiants brandissant leurs drapeaux sont écrasés sauvagement. Les morts et les blessés ne se comptent plus.
Cette nouvelle m’a terrassée et j’ai éclaté en sanglots. J’étais révoltée moi aussi. Je comprenais ces jeunes qui se battaient pour la liberté ; ils étaient fauchés lâchement dans tous leurs espoirs. Je me sentais impuissante et inutile.
En allant au cinéma quelques jours plus tard, j’ai vu les actualités passées toujours avant la projection du film et j’ai vu les images de l’insurrection et des chars soviétiques entrant dans Budapest. J’étais horrifiée et j’en garde encore le souvenir cuisant très présent dans ma mémoire.
J’ai vraiment été très perturbée par ces évènements. Je voulais partir là-bas pour les secourir. J’ai eu d’interminables discussions avec mes parents ; ils me disaient que j’étais beaucoup trop jeune et qu’il n’en était pas question.
Mon empathie de petite jeune fille innocente et sensible s’est concrétisée simplement par des colis de vêtements et de couvertures portés à la Croix Rouge, ce qui ne m’a pas donné bonne conscience pour autant. J’aurais voulu aider sur le terrain avec mes bras et mon cœur, être avec eux. Il y avait une rage en moi que j’avais du mal à contrôler.
Pascale G.