IL SE PASSE QUELQUE CHOSE
Isabelle pressa Jacques : « Ah, quel lambin tu fais, ça fait plus d’une demie-heure que tu es dans la salle de bains ; nous sommes déjà en retard, décidément, tu fais tout pour que je m’énerve ! ». Jacques sifflote, lui fait un pied de nez et s’agite devant elle, nu comme Adam avant l ‘histoire de la pomme, mais avec le désir de la basculer sur le lit. Pomponnée, avec brushing, mains manucurées, robe en lin qui par nature, ne demande qu’à se froisser,elle le repousse agacée. « Si dans les cinq minutes qui viennent, tu n’es pas habillé, je pars seule ! » comme il la sait capable de mettre les mots en actes, il ne se le fait pas dire deux fois. Une chemise blanche cintrée, un jean mode et des mocassins BC-BG, il arrive dans l’entrée au moment où elle attrape ses clefs de voiture. « Ouf, sauvé par le gong, plaisante-t-il ». La maison d’Amandine est loin, quand ils arrivent, la nuit est tombée depuis longtemps et elle constate qu’un grand nombre de voitures sont déjà stationnées. « Quel poison tu fais, Jacques, et puis tu n’es même pas coiffé, tiens, prends mon peigne pour civiliser un peu ta tignasse ». Il s’exécute sur le champ, car énervée comme elle est, ça peut vite tourner vinaigre, il en a déjà fait l’expérience ! Elle n’a pas revu Amandine depuis ses 18 ans, elles allaient se trouver changées….alors autant que Jacques soit présentable. La fête bat son plein, les invités ont déjà beaucoup bu. Elles s’embrassent, mais déjà, il y a comme un zeste de malaise, une certaine gêne se fait sentir. Mince, se dit Isabelle, les anciennes amies, c’est comme les anciens amants, il faut tirer un trait et ne pas se retourner. Mais, bon, elle y est et se dit : « assume, ma vielle ! » Au bout d’une heure et de quelques cocktails bien alcoolisés, elle se sent perdre pied et s’assoupit dans un fauteuil. Une demie-heure plus tard, reprenant quelque peu ses esprits, elle regarde saisie, Amandine déshabiller Jacques qui se laisse faire à son tour, lui enlève son petit haut, découvrant ses seins qu’il caresse avec délectation. Ce qui la choque le plus, c’est de voir à quel point Jacques prend plaisir à ce scénario impromptu ! Quel salaud ce mec, je pensais qu’avec lui, au moins , je serais épargnée, non de ses maîtresses, mais de le voir faire avec d’autres !
Un homme s’approche d’elle et met la main sur ses cuisses, non, plutôt entre ses cuisses puisque sa petite robe permet cette intrusion sans qu’elle en exprime le désir. Je le gifle ou je me lève, je l’insulte ou je m’excuse de ne pas vouloir ? Un moment d’indécision la laisse interdite. Finalement, elle se lève, ramasse son sac et ses clefs, et sort en trombe de cette maison. Une fois dans sa voiture, elle se dit qu’en effet, leurs routes avaient pris d’autres directions. En mettant la voiture en marche, elle ne sait pas encore comment être ou ne plus être avec lui.
Véronique M.