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Ton Montmartre est celui des années 70 et n’existe plus. Il est celui de ta mémoire vivifiante ou mortifère, selon tes errances et tes moments bénis de rencontres.

Si tu revoyais la Place du Tertre maintenant, tu n’y reconnaîtrais plus rien de l’ambiance bon enfant de l’époque. Ce qui t’attirait en ce temps là, ce n’était pas les les peintures, c’était la vie avec les peintres.

Dans un des bistrots de la place, tes échanges avec eux autour d’un verre te faisait oublier tes soucis d’argent et de vie. Ils étaient dans un état plus ou moins alcoolisé, plus ou moins délirant mais ces instants étaient traversés d’ humanité de simplicité.

Point n’était besoin de grand-chose, et si ce soir-là, tu n’avais pas un sou en poche car les colliers en macramé, fabriqués par tes soins ne s’étaient pas vendus au jardin du Luxembourg, il y avait toujours celui ou celle qui avait mieux gagné sa vie la veille et te payait ton café.  Tu te souviens des nuits à la Bohême, ce lieu de noctambules où venait se perdre un monde interlope. Tu traînais jusqu’au petit matin, les yeux rougis par la fatigue, et tu finissais ta nuit  sur le canapé de ton amie Mona, inconséquente mais heureuse.

Tu as connu la dernière année du cabaret de Patachou qui, depuis vingt ans, produisait des gens inconnus comme Hugues Auffray ou Michel Sardou. Tu n’as pas connu les moments rares où, dans ce même cabaret, Georges Brassens grattait à la guitare  -gare au gorille-, pas plus que jacques Brel, qu’elle avait contribué à lancer et qui de sa voix si spéciale entonnait -ne me quitte pas- Ils avaient déjà gagné leurs heures de gloire ailleurs, dans la lumière des projecteurs.

Ce que tu retiens de ces années 70, c’est la liberté que tu y as trouvé, liberté dangereuse et à la fois salutaire pour toi.

Véronique Kangizer

Tag(s) : #Véronique M., #Territoires, #stages d'écriture
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