un dîner surprise
Il est 19H, Laure doit se préparer pour aller à un dîner qui ne l’enchante pas du tout. Elle a plutôt envie de rester tranquille au coin du feu avec ses chats et son ordinateur. D’abord, elle ne sait même pas qui sont les autres invités. Bon, elle a dit qu’elle irait, elle ne peut pas faire autrement. Sans enthousiasme, elle se change : son ensemble bleu marine et blanc fera l’affaire, un peu de maquillage, un coup de brosse dans les cheveux, une paire de boucles d’oreille et elle est prête. Elle va sûrement être en retard, il y a presque une heure de trajet et il est maintenant 19H30. Et bien, ils la prendront quand elle arrivera ! Elle met son GPS et la voilà partie en écoutant l’émission de jazz sur France Musique.
Quand elle arrive, tout le monde est déjà là. Elle compte au moins 9 personnes et elle ne connaît pas tout le monde. Elle décide d’aller plutôt vers celles qui lui sont inconnues.
Au fond de la pièce, près de la bibliothèque, elle aperçoit un homme de dos, il est tout seul et examine les livres.
Laure s’approche et au même moment il se retourne, ils sont face à face.
« Laure ! »
« Philippe, qu’est-ce que tu fais là ? »
Un ancien petit ami lorsqu’elle avait 20 ans. Toujours aussi brun ou plutôt poivre et sel, la même barbe quasiment blanche, les yeux toujours aussi noirs et perçants. A l’époque, ses amis trouvaient qu’il ressemblait à François 1er.
Ils se sont reconnus tout de suite, pourtant près de 55 ans se sont écoulés. La surprise étant passée, ils se mettent à raconter leur vie. Les autres n’en reviennent pas. En passant à table, la maîtresse de maison claironne : « Laure et Philippe, maintenant que vous vous êtes retrouvés, nous n’allons pas vous séparer, mettez-vous l’un à côté de l’autre. »
Et c’est ainsi que le passé a commencé à se fondre au présent tout naturellement. Ils dînent sans savoir trop ce qu’ils absorbent, ils boivent vin blanc, vin rouge. Les autres convives n’existent pas, ils sont d’une impolitesse flagrante. Après le dîner, personne ne fumant, ils se dirigent d’un commun accord vers le jardin ; il a sorti la pipe qu’il fumait déjà il y a 55 ans (ce n’est sûrement pas la même !), Laure a pris un cigare qu’elle ne fumait pas encore à l’époque et ils ont continué à se raconter, que de souvenirs remontent à la surface.
Le temps passe ou plus exactement il ne passe plus du tout, il est suspendu.
Minuit et demi déjà, Laure décide de partir, elle a de la route à faire. Philippe aussi. Ils prennent congé de leurs hôtes qu’ils n’ont pas beaucoup vus. Ils échangent leurs numéros de portable. Philippe accompagne Laure à sa voiture.
Impossible de la faire démarrer. Que se passe-t-il ? Elle a de l’essence, elle vient de changer la batterie. Philippe ouvre le capot, tout va bien. Des invités supposés mécaniciens bricoleurs examinent la voiture et ne trouvent rien à redire.
Philippe décide de raccompagner Laure chez elle, ils reviendront demain avec un garagiste. Laure accepte bien sûr. Il habite chez des amis à l’autre bout du département mais ce n’est pas un problème.
Le trajet accompagné d’un CD de Schubert se transforme rapidement en retrouvailles amoureuses assez intenses. Ils se racontent et se découvrent autrement qu’il y a 55 ans car, à l’époque, Laure était une jeune fille plutôt prude et réservée et ils n’étaient pas allés très loin dans leurs transports amoureux. Laure a bien changé, heureusement pour elle et pour lui.
Comme l’affirme Cohen : « Parfois tout arrive trop vite pour que l’on puisse croire au hasard » !
Les baisers et les attouchements s’enchaînent, leurs élans amoureux les propulsent vers des hauteurs vertigineuses que Laure n’avait pas connues depuis longtemps. Que d’arrêts brusques sur le bas-côté de la route parce qu’il n’est guère prudent de conduire avec des ébats aussi exigeants.
Laure a l’impression d’exister autrement. Elle se souvient qu’il y a 55 ans, Philippe lui avait semblé déjà très entreprenant mais elle n’était pas prête pour répondre à ses avances comme il l’aurait souhaité. La vierge effarouchée a bien changé et Philippe s’en rend compte rapidement. Ces nouvelles retrouvailles sont donc fulgurantes. Ont-elles été fantasmées par l’un ou par l’autre ou par les deux ? Sans doute à un moment ou à un autre de leur vie. Toujours est-il que le souvenir des premiers émois réprouvés ne devait pas être enfoui très profondément et la violence de leurs étreintes est tout à fait surprenante.
Après tous ces arrêts amoureux au bord de la route, ils arrivent enfin à bon port chez Laure. Pas d’accident, pas de gendarmes ! Il est 3h du matin.
Laure dit à Philippe : « Tu ne vas pas rentrer chez tes amis à cette heure-là, reste à la maison ».
Philippe est évidemment d’accord. Les étreintes et ébats reprennent de plus belle beaucoup plus confortablement sur le lit de Laure que sur les sièges de la voiture. Ils sont envahis tous les deux par une tempête amoureuse tout à fait incontrôlable et incontrôlée. C’est à l’aube qu’ils ont dû s’endormir épuisés, terrassés par cette nuit de folie.
Vers midi, Laure ouvre les yeux en essayant de réaliser ce qui lui est arrivé…
Philippe n’est plus là !
Elle sort précipitamment de la maison, elle va sur le parking. La voiture de Philippe n’est pas là mais la sienne s’y trouve.
Qu’est-ce-que cela veut dire ? A-t-elle rêvé toute cette aventure ?
Au téléphone, les amis chez qui elle était la veille lui disent qu’effectivement un garagiste est venu chez eux dans la matinée, il a réparé sa voiture et il est reparti avec !
Laure n’a jamais plus entendu parler de Philippe et elle n’a jamais pu le joindre par téléphone.
Pascale G.
Rencontre sur la route des vacances
La fête du 14 juillet au village battait son plein. Carole était venue passer le week-end chez des amis, ils décidèrent tous d’y aller faire un tour. Ils étaient nombreux, il fallait prendre au moins 3 voitures. Un monde fou sur la place du village toute décorée et illuminée. Les gens dansaient sur des musiques datant des années 70. Les vieux et les jeunes se mélangeaient, l’ambiance était chaleureuse et bon enfant. Carole et ses amis se mirent à danser aussi. Carole se forçait un peu, en fait elle n’allait pas bien du tout, Thomas venait de la quitter et ses amis l’avaient invitée pour lui changer les idées. Au bout d’un moment, elle sort de la piste de danse et s’éloigne pour fumer une cigarette, elle en a assez de gesticuler et a envie d’être seule. Elle n’aurait jamais dû accepter cette invitation, la rupture avec Thomas était trop récente et encore très pénible pour elle. Elle décide de rentrer à pied à la maison de ses amis et prévient l’un d’eux pour qu’il ne s’inquiète pas de son absence. Elle a besoin de marcher. Elle a sa lampe de poche, tout va bien.
Ouf ! Enfin seule et tranquille. Elle a 3 ou 4 kms à faire et elle connaît bien le chemin. La nuit est étoilée, l’air est doux, les flonflons du village s’estompent, elle se retrouve en pleine campagne et se sent beaucoup mieux. Elle marche d’un bon pas ayant l’habitude de faire des randonnées. Tout est calme et silencieux.
Elle longe un bosquet bordant la route et tout d’un coup, elle entend du bruit. Ce n’est pas un cri mais plutôt un gémissement. Elle s’approche et dirige sa torche dans la direction du bruit. Elle aperçoit alors un corps allongé près d’un vélo renversé. Elle s’agenouille et voit un tout jeune homme ayant fait une chute de vélo dans le fossé ; il est blessé à la jambe et à la tête, Carole lui parle, il souffre et gémit et sent l’alcool. Elle appelle les secours. Il s’appelle Fred et il a 15 ans, il revenait de la fête du village et ayant peut-être un peu trop bu, il a raté le virage.
Les secours arrivent très rapidement, Carole insiste pour accompagner Fred dans l’ambulance. En pleine lumière, elle découvre alors un adolescent attendrissant et plein de charme. Il s’agrippe à elle et la remercie de s’occuper de lui. Il se met à pleurer comme un enfant. Elle le console. Ils arrivent aux urgences et Fred est pris en mains immédiatement. Carole questionne le médecin de garde qui la rassure, ce n’est pas grave mais il faut tout de même faire une radio pour voir s’il n’y a pas de traumatisme crânien. Carole reste là et attend. Elle est inquiète et surprise de l’être car elle ne connaît pas ce garçon. Elle ne sait pas qui prévenir, il lui a dit qu’il était de passage dans la région et il n’a aucun papier d’identité. Les infirmières sont persuadées qu’elle est la mère de Fred, elle a 37 ans et lui 15 ans, ce serait effectivement tout à fait possible. Elles viennent la rassurer et lui disent qu’elle peut aller le voir dans sa chambre…
La suite est à inventer !
Pacale G.
Une soirée accidentée
La fin des vacances à Val d’Isère approche. Les Vauthier et les Blanchard se réunissent une dernière fois avant le départ. Carole et Jean-Jacques Vauthier apportent le dessert et les boissons, Corinne et Marc Blanchard ont prévu une fondue savoyarde. Ils ont encore tous skié avec les enfants l’après- midi et sont un peu fatigués, mais c’était le dernier jour, il fallait en profiter. Les enfants de Carole et Jean-Jacques sont restés dans l’autre appartement, ils ont dîné et regardent un film.
L’apéritif est terminé. Tous les quatre sont de bonne humeur et ravis de ces vacances passées ensemble avec un temps et une neige exceptionnels. Le lendemain, ils retournent tous à Paris et la vie trépidante va reprendre. Ils se mettent à table et commencent à déguster cette fondue onctueuse et savoureuse avec un petit vin blanc sec très gouleyant.
Tout d’un coup ils entendent un fracas épouvantable, ils se lèvent de table tous les quatre et se regardent effarés. «Carole et Corinne poussent un cri : « mais que se passe-t-il ? »
Jean-Jacques et Marc vont à la fenêtre et s’écrient : « c’est une avalanche ».
Tout le chalet semble bouger comme lors d’un tremblement de terre. On entend un grondement sourd et très proche retentir. La fenêtre de la cuisine se brise et un énorme paquet de neige envahit la pièce.
Les deux femmes hurlent : « Et les enfants ! » Tous les quatre se précipitent dans le couloir où se trouve l’autre appartement. Les gens affolés courent dans tous les sens Ils entrent dans l’appartement et trouvent Pierre et Valérie complètement tétanisés réfugiés derrière le canapé. La fenêtre est brisée et la neige s’engouffre dans la pièce abondamment. Les parents les emmènent dans l’autre appartement. On ne voit plus rien par les fenêtres, tout est bouché par la neige.
Puis, brusquement le bruit a cessé et un silence mortel envahit tout le chalet. Le grondement s’est tu et personne ne crie plus.
Marc et Jean-Jacques vont en bas à la porte d’entrée du chalet, ils ne peuvent pas l’ouvrir. D’autres personnes ont déjà essayé mais en vain. Tout le monde se regarde hébétés.
Marc et Jean-Jacques remontent dans l’appartement. Les deux femmes essaient d’apaiser les enfants qui sont en état de choc. Marc prend la parole et déclare : « On est coincé, on ne peut pas sortir, nous sommes bloqués par la neige et les portables ne fonctionnent plus, que va-t-on faire ? »
Pascale G.