La blondeur des blés mûrs s’étend vers le soir et le soleil couchant se profile à l’horizon.
Les cœurs des marguerites et des pâquerettes se referment et les boutons d’or s’éteignent doucement.
Le tournesol se prend pour le soleil et le suit lentement dans sa chute.
La chevelure de Nora ondule avec la brise du soir, mais elle est moins blonde que ce matin. Ses bijoux laissés sur la commode resplendissent encore de leur or éclairé et sa robe abandonnée sur le sol est une tache claire ensoleillée et chiffonnée.
Les poussins se cachent entre les brins de paille et les plumes de leur mère.
Je repense à ce champ de colza au printemps illuminant l’espace, quand le soleil était absent, on avait une fausse impression de beau temps qui durait toute la journée.
Pour moi, la joie est synonyme de soleil…
* * *
Un printemps en Touraine
C’était un printemps d’enfance en Touraine pendant des vacances de Pâques tardives. Premiers rayons de soleil qui étonnent et recouvrent un fond d’air encore froid. J’avais la permission d’aller me promener avec mon cyclorameur jaune sur les petites routes avoisinantes. Il n’y avait personne et je me sentais libre et aventureuse ; et pourtant, je savais où j’allais. C’était un petit bosquet pas très loin de la maison découvert lors des dernières vacances. La végétation ne l’avait pas encore envahi et je pouvais y pénétrer avec mon engin jaune, ça sentait le frais et l’humus des sous- bois, les bourgeons éclataient les uns après les autres et les verts étaient tendres, presque transparents ; les violettes ne se cachaient déjà plus et les oiseaux chantaient à tue-tête le printemps.
Je laissais mon cyclorameur et m’enfonçais à pied dans le bosquet. A un moment, j’ai entendu des petits cris d’oiseaux répétés comme des piaillements. Je m’approche et je découvre un nid tombé d’un arbre avec des œufs et trois petits oisillons tout nus qui s’égosillaient tragiquement. Que faire ?
Je ne peux pas laisser ce nid par terre, des prédateurs viendront manger les oisillons et les œufs. Les parents ne doivent pas être loin. J’aperçois deux oiseaux qui virevoltent affolés dans les parages, c’est sûrement eux. Je prends le nid délicatement dans mes mains et le dépose dans le creux d’un arbre que je peux atteindre malgré ma petite taille, puis je me cache un peu plus loin derrière un gros tronc d’arbre et j’observe. Les oisillons continuent à piailler désespérément. Je patiente sans bouger, et au bout d’un certain temps, j’ai aperçu un parent volant au-dessus du nid et donnant la becquée aux petits affamés. Ils étaient sauvés. J’étais contente et rebroussais chemin mais le problème est que je ne retrouvais plus mon cyclorameur. Je m’étais perdue…
Pascale G.