Là où j’habitais, le Printemps souvent était bâclé, vite fait et terminé, laissant trop vite le champs à l’épanouissement glorieux d’une nature éclatante, omettant de s’attarder sur la tendresse des corolles de ces mystérieuses petites fleurs au bleu violacé dont je n’ai jamais retrouvé la trace, m’ayant pourtant enchantée dans les plaines et sur les coteaux de l’Anatolie où nous partions dès les premiers jours lumineux, vers la mer, dans le village de Çinar.
Nous traversions d’immenses champs de tournesols, visages solaires et rieurs semblant nous suivre du regard. L’arrière du paysage anatolien est assez austère, des roches rouges et noires ayant préservé malgré l’hiver, toute la sècheresse des étés précédents.
La splendeur et la richesse de la renaissance de la nature se trouvait sur ce tapis velouté aux mille minuscules fleurs odorantes et habitées d’insectes enivrés de leurs suc.
La Turquie aux milles et un tapis féériques, en particulier celui du prince Cosroe, avait puisé son inspiration dans l’inépuisable variété des essences et parfums de sa nature faussement rude.
Oui, je me souviens de mes moments de sieste passés nez contre terre à observer les fourmis et coléoptères bleutés à la carapace chatoyante.
Le goût du jus de sureau et des petits gâteaux au miel dont j’offrais quelques gouttes à cette petite faune rampante semblant animer ce tapis infini, bruissant et parfumé.
Pour combattre la nostalgie invitée par ces souvenirs des heures perdues, j’enfouis parfois mon visage dans un bouquet de thym, ou , entrouvrant un pot de miel aux mille fleurs, me laisse emporter sur ce tapis magique et volant pour traverser le temps.
Diana W.