Le bleu outremer du ciel vient rejoindre les flots turquoise, une bande rectiligne de sable blanc interrompt cette symphonie bleutée. Le soleil astre miroitant dans cet infini azuré, bordé d’une fine collerette dentelée d’un blanc crayeux.
A l’horizon, vaguement noyé dans la blancheur de cet intervalle sableux, quelques maisons éparpillées taches de couleurs dans cet univers.
Quatre amis embarquent sur une ancienne barque de pêcheurs au bleu délavé, écorché par de multiples chocs sur la coque, lors d’amarrage précipité ou de heurts sur des rochers aux arêtes acérées. Un tô protège des assauts perçants des rayons du soleil.
Traversée de la baie, afin d’accoster à ce petit village lové au loin dans la mer de sable. A mi-chemin, deux petites iles parsemées de broussailles d’un vert mordoré, amoncellement de rochers, déclinaison de gris granitiques. Quelques chèvres squelettiques errent dans ce paysage minéral.
Une crique sableuse d’un blanc étincelant s’intercale entre des roches aux tons ocres, souvent envahis de déchets rejetés par la mer, bidons et bouteilles plastiques verdâtres, morceaux de bois bruns, pièces de métal rouillées. Rejet de notre société de consommation.
Notre traversée se poursuit paisiblement, clapotis des flots miroitants contre la coque, une légère brise effleure nos visages dorés ou rougis par le soleil. Approchant de la côte, un port se dessine, des bouées aux couleurs vives rouge, bleu, jaune se détachent sur les flots, auxquels sont amarrés des barques vieillissantes, aux teintes passées. Nous accostons, une corde d’un ivoire noircissant est nouée autour d’un plot noir taché de rouille verdâtre.
Le village semble assoupi. Nous croisons quelques badauds épars. Sur la plage, des vacanciers ont installé des parasols, des cris d’enfants retentissent un peu assourdis. Après la fraicheur marine de notre navigation, une chappe de plomb nous assaille, la chaleur est tenace. Après avoir déambulé un moment dans le village, afin de se familiariser avec les lieux, nous nous attablons à une table de café, afin de nous désaltérer.
L’heure du déjeuner approchant, nous décidons de rester dans ce café qui fait également restaurant, et se trouve à quelques encablures du port.
Au bout d’un moment, une brise légère bienfaitrice se lève et amène une fraicheur inespérée, Des nuages envahissent le ciel, le soleil se voile par intermittence. Puis tout à coup, la brise se transforme en bourrasques de vent, qui soulèvent des nuages de sable, le ciel s’obscurcit et prend une teinte sombre, des éclairs traversent l’atmosphère, des coups de tonnerre éclatent, la mer prend une teinte foncé verdâtre, une vraie tempête se déclare. Les barques dans le port font des embardées, se soulèvent sous les vagues déferlantes, et une pluie violente se met à tomber. Nous nous réfugions à l’intérieur du café, interpellés par la rapidité de la métamorphose du temps. C’est une particularité que détient la mer méditerranée.
Dès l’apparition des premières bourrasques, nous avions été vérifier le bon amarrage du bateau.
Des trombes d’eau ont continué à tomber et un vent violent à souffler. Impossible de regagner, ‘’notre home’’ avec notre embarcation légère. Le restaurateur s’est proposé de nous raccompagner avec son véhicule avec une grande gentillesse. Le seul taxi dans le village étant indisponible. Trajet important et long, car il fallait contourner la baie. Le lendemain, le temps s’étant apaisé et le soleil ayant réapparu, le trajet inverse en voiture a été fait, afin de ramener le bateau au bercail.
Anne P.