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La clairière est chauffée de soleil.

Nous venons de descendre par la route de montagne, traversant une prairie desséchée, dérangeant au passage une myriade de petites sauterelles beiges qui s’éparpillent comme les étincelles d’un feu d’artifice et retombent dans l’herbe crépitante.

Nos pieds ont pris plaisir à fouler cette mer hirsute couleur de foin qui hésite entre le vert et le jaune, déployant tout un panel de nuances indéfinissables.

Passé le bosquet de jeunes chênes vert bouteille concurrencés par des noisetiers tout aussi jeunes au feuillage pourpre et des charmes légers au feuillage anisé, nous arrivons enfin.

Nous y venons chaque jour.

C’est notre clairière.

Il s’agit pour le moment de trouver le bon emplacement, celui à l’ombre des charmes et des frênes. Ou celui en plein soleil, suivant son goût.

L’herbe y est douce et longue, verte et chaude souvent, glacée parfois. Chacun cherche sa place, espérant trouver l’endroit où ses pieds nus se planteront solidement sur un petit espace plat. Parfois une minuscule plage de sable gris permet d’y poser un seul pied, l’autre accueilli par la mousse ou l’herbe sèche.

Nous sommes entourés de grands arbres dans toutes les nuances de vert, dont la cime presque noire vient fendre le ciel bleu. Un azur si lumineux ! C’est un apaisement sans fin pour les yeux. Quelques nuages traversent béatement, tranquillement cet espace. Floconneux, voluptueux, ouatés, ils s’effilochent en une dentelle blanche au gré de leurs envies. Ils veillent sur nous et nous encouragent.

La montagne en face nous entoure, nous protège tel un rempart de ses ombres changeantes. Cela commence par du vert, si sombre qu’on le croirait noir. Puis du gris, du mauve, du rose, en une combinaison de fondus de couleurs dans une harmonie parfois zébrée d’une coulure ocre.

La montagne est un bijou, amoureusement gardé dans son écrin de conifères qui l’entourent en une ronde protectrice.

Lorsque nous avons tenu trois heures, le plus immobiles possible, au gré des postures qui transforment nos corps, sous le soleil tantôt compagnon tantôt bourreau avec lequel nous avons joué à cache-cache grâce à la complicité des bosquets, nous quittons d’un pas apaisé notre clairière. Nous enjambons le sombre ruisselet  grâce à la vieille planche grisâtre qui nous attend chaque année.

Nous arrivons sur un tapis d’aiguilles de pin roussies jonchant le sol gris. Merveille ! Le torrent est toujours là, impétueux, bavard et enjoué. Il semble fait de cristal liquide.

Nous nous asseyons sur les gros rochers gris qui le bordent. Nous contemplons sa fraîcheur.

Levant les yeux, nous rêvons devant la forêt sombre et bleue.

Petit torrent lumineux, nous aimons ton rire et ta chanson. Mystérieuse forêt émeraude, nous aimons ton calme et ta tranquillité.

Beauté indescriptible de votre symphonie…

Séverine L.

Tag(s) : #Séverine L, #Textes de participants, #Couleurs 2019
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