Jaune or, gris parpaing à Conflans
Tic-tac taca-taca tac tic-tac… les balles décrivent des arabesques dans le béton de l’HLM de Conflans.
Le bal des balles s’est ouvert plus tôt que d’habitude.
Les vendeurs sont arrivés tôt pour vendre hash, poppers, cristal et meth. Les acheteurs se sont fait attendre. Appuyés sur le mur de l’HLM, les jeunes encagoulés ont discuté, montré les dents, tapé des Nike dans le gris dur, sorti leur iPhone, leurs briques argentés. Un regard de bord de mur pour voir arriver les acheteurs, pressés, pas si pressés. Les guetteurs derrière les murs ont envoyé les signaux à travers les murs, les keufs invisibles, les keubla tous frères dans les murs des prisons, hors les murs, et là-haut, la mère les attend, ils ont encore fait le mur. Elles murmurent les mères, des prières, des suppliques, reviens-moi mon petit Kevin, Kyllian, K-Plan à plat.
Tic-tac, l’horloge sur le mur, taca-tac, la mitraillette en bas, la descente imprévue, les vendeurs dans le panier à salade, promis à des murs, épais, en béton gris armés, des dents en or cassées par les matraques des forces de l’ordre impatient de mettre la société en sécurité dans les murs de la ville.
Tic-tac, la montre en or de l’avocat marron, tacatac les talons de la juge qui ne répond pas aux questions des journalistes, pigistes hors des murs de leur appart, les murs du tribunal, la salles des pas perdus, en marbre, des pierres antiques en toc sur le mur en béton de la cellule où attendent les frères de selfie, plus une thune dans la thurne, les barreaux enfoncés dans les murs retiennent les rêves de ceux qui ne savent pas rêver, ni espérer et ne veulent plus se faire berner.
Tic-tac, tacatac, tic-tac le tribunal s’est vidé. Des pendules remontées, il ne reste rien même pas le silence.
Valerie W.