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«Le premier novembre de cette année là tombait un vendedi.» 

Marcel se  retrouvait  seul sous un soleil sans pitié ( ce qui est rare en cette saison,) sous un ciel vide, aussi  vide que  la route devant lui, aussi vides que l'étaient sa tête, son estomac et ses poches.

Marcel venait de passer quatre années de vraies vacances, quatre ans d'une vie presque monacale, tranquille,  dans ce lieu où le temps ne lui appartenait pas, où les heures s'écoulaient dans un calme relatif, dans un silence seulement  troublé par quelques beuglements ,  cliquetis et claquements très ponctuels.  Le temps  passait, sans surprise, égrainant  ses journées  répétitives,  prévisibles.

A sept heures après les trois coups frappés à la porte comme le battement d'un cœur en émoi, il se levait et la journée commençait telle  une pièce rigoureusement mise en scène : Après  le lever,  le choix des vêtements amples et  confortables  était facile.Il se chargeait lui même du ménage dans sa petite  chambre au confort  sobre. On lui servait ensuite un petit  déjeuner toujours  léger( il ne supportait plus les madeleines rassies) Puis  Marcel sortait  pour sa   promenade rituelle  dite à juste titre   de santé. Reposante, car nulle végétaion ne venait perturber son regard ou sa pensée. Il fermait tout simplement les yeux ou bien il  regardait en l'air. Finies les descriptions fastidieuses  et interminables des l'églantines en fleurs, Marcel se reposait!

  Le reste du temps était scandé par de multiples et inoffensives  activités ne demandant que très peu d'investissements et d'implication. La soirée passait, très courte,  à observer la lune qui  essayait sans succès de se faufiler à travers les barreaux de la petite fenêtre. Comme chacun l'a deviné,  Marcel, depuis longtemps, se couchait de bonne heure .Quatre ans de repos  à la Santé , c'est tout de même pas rien! Mais tout à une fin.

Ce vendredi, donc Marcel était là, livide, debout sur l'esplanade livide elle aussi, il restait en plan, tel  n écrivain muet devant la page blanche.

Merde alors se dit-il prenant conscience de la forme abyssale de son existence, de l'étendue sans fin de sa grande page blanche, face à  son manque total d'imagination.

 Merde alors! Il venait tout juste de sortir et il lui fallait déjà s'en sortir.

Il ne dit pas merde- alors une deuxième fois ce serait trop, mais il pensa: Il me faut une phrase d'accroche, pour commencer cette nouvelle vie, meubler le vide de cette page.

Et si j'écrivais  un truc.Un truc du genre: C'était le premier Novembre, un Vendredi, Marcel venait de sortir  de prison, il entra aussitôt dans un café tabac et fit l'acquisition d'une grille de loto. Il gagna... finies les vacances, les ennuis commencèrent.

Pierrette C   

 

Tag(s) : #incipit, #Pierrette C., #Textes des participants
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