Offrir à la course mouvante du souffle déchaîné sa bouche, sa peau, ses bras déployés,
Braver l’espace et ses remous, devenir élément
Et boire le vent…
Goulûment gober les embruns charriés par le vent du large,
Laisser la saveur salée franchir la barrière de nos peaux
Et boire le vent…
Sous le vent du désert goûter l’infime minéral des grains de sable,
Percevoir dans leurs piqûres acérées les antiques millénaires
Et boire le vent…
Geler nos lèvres à la bise des banquises immaculées des pôles
Pour reconnaître l’essentiel primitif en nous
Et boire le vent…
Sur le dos d’un cheval avaler les plaines herbeuses de Mongolie,
Rougir nos joues de leurs vertigineuses audaces
Et boire le vent…
Se faire bourrasque pour affoler nos boussoles intérieures si bien captives
Et oser chahuter les verrous du raisonnable
Et boire le vent…
Caresser nos désirs d’un zéphyr tendre et impalpable,
S’abandonner à son élégante délicatesse
Et boire le vent…
Jouir simplement de la quiétude d’un crépuscule cuivré,
Dans le silence immobile qui s’installe
Honorer le vent…absent.
Dominique Olsenn