/image%2F2136441%2F20250329%2Fob_6f1640_capture-d-ecran-2025-03-29-222919.png)
De ces années passées dans ce lieu apaisant, il ne semblait plus rien rester. Bien avant le départ, mes souvenirs avaient commencé à s’estomper, lentement, pour me préparer à ce qui m’attendait. Ils avaient insidieusement quitté mon esprit, trop souvent agité et qui ne me laissait plus en paix. Tiraillée entre le bonheur de m’ouvrir à d’autres horizons, et un lâcher-prise douloureux, je traversais un brouillard constant qu’aucune lumière ne parvenait à percer. La joie ressentie une fois la décision prise, avec la plus grande des certitudes, me semblait aujourd’hui rabougrie, sans consistance. Cette joie était devenue une imposture et les craintes avaient regagné leurs places après des années d’absence. Elles s’étaient glissées dans cet infime espace que j’identifiais parfois, dans un moment de clairvoyance. Un temps où rien ne semble exister, comparable au silence absolu qui se glisse entre une expiration et une inspiration. Un vide accueillant, qui parfois peut devenir brutal. Comme une gueule géante, un gouffre s’ouvrait devant moi, engloutissant mes doutes et mes regrets, sur lesquels, je devais réapprendre à construire un nouvel avenir.
Camille Autoire