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Aujourd’hui ma chère sœur, nous aurions pu, ensemble, évoquer la mort de notre frère, si, lors de cette bénigne intervention médicale, le chirurgien n’avait pas commis l’irréparable.
Toi qui étais plus que ma sœur, mais aussi mon amie, ma confidente, ma conseillère, ma guide, te voilà amputée de toute mémoire immédiate.
Parfois je me dis que c’est un soulagement, tu es ainsi libérée de ce poids insoutenable des pires informations, publiques ou privées.
Tu es joyeuse, tu aimes toujours autant rire, danser, participer aux réunions familiales.
Tu n’as pas oublié qui on est, tu as juste oublié… pour la dixième fois… pourquoi on se réunissait.
Pour qui était ce cadeau.
À qui est ce chien ?
Qu’on avait déménagé.
Que cette enfant qui a bien grandi t’a répété son âge à plusieurs reprises et qu’elle s’est écartée de toi. Lasse des répétitions et légèrement apeurée aussi.
Tes mêmes questions posées encore et encore agaceraient un moine Tibétain.
Les mystères du cerveau charrient, tel un ru, de minuscules souvenirs du passé. Tu peux donc converser pendant un moment et c’est très agréable de te retrouver.
Mais ça ne dure pas, c’est peut-être préférable.
Surtout pour parler d'un être qu’on aimait.
Agnès C.
29 Octobre 2025
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