Après une lecture d'Henri Bosco, le mas Théotime
Il est 20 heures. Anna rentre chez elle comme chaque soir. Elle a encore eu l’impression d’avoir été suivie, cela dure depuis une semaine. Entre l’arrêt de bus et sa maison il y a bien un quart d’heure de marche et pas grand monde dans les rues pas très éclairées. Elle s’est retournée plusieurs fois et n’a vu personne. Elle presse le pas mais n’ose pas courir.
Pourquoi est-elle si angoissée ? Peut-être à cause de ces coups de téléphone bizarres qu’elle a reçus ces derniers temps, lorsqu’elle décrochait , personne ne parlait, elle entendait simplement une respiration.
Elle est arrivée chez elle. Elle referme sa porte à double tour, ferme les volets et allume la télévision pour avoir une présence. La journée a été difficile avec trop de travail, elle est fatiguée et a besoin de se détendre. Un verre de vin ne lui fera pas de mal avec une cigarette.
Le téléphone sonne, ça y est ça recommence. Elle décroche, personne ne répond comme d’habitude, seulement un soupir. Elle n’en peut plus et commence à crier dans l’appareil : «Mais qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous voulez ? » On raccroche brusquement au bout du fil.
Anna commence vraiment à paniquer. Elle téléphone à son frère et lui explique ses craintes. Il la rassure, lui dit de ne pas s’inquiéter, de prendre un somnifère et de se coucher tôt pour se reposer. C’est ce qu’elle fait, elle n’a même pas dîné. Elle s’endort presque aussitôt et sombre dans un sommeil profond.
Au milieu de la nuit, elle se réveille et croit entendre du bruit dans la cuisine. Elle s’enfonce sous la couette tétanisée. La porte de la cuisine grince. Anna retient son souffle, elle transpire et frissonne en même temps, elle commence à trembler de tous ses membres, son cœur cogne dans sa poitrine. Elle sent une présence dans la chambre qui s’approche de son lit, elle le sait. Il faudrait qu’elle bouge, qu’elle sorte du lit pour voir ce qui se passe. Elle ne peut pas bouger, elle est paralysée.
Elle attend, elle écoute. Elle n’arrive plus à respirer. N’en pouvant plus, avec un effort surhumain, elle ôte brusquement la couette et allume la lumière…. Sa chatte, Milady, est assise sur la descente de lit et la regarde fixement !
Pascale P.
Perles de sueur glacée.
Rigoles de désolation diffuse et pourtant précise.
Paralysie asphyxiante enserrant les poumons, devenant douleur, rétrécissant le souffle jusqu’à l’annihiler.
Cette couleur opaque et grise de la terreur, cette odeur âcre que celle ci dégage, ce hurlement silencieux prenant une ampleur cosmique, contaminant tout, tout ce qui était et n’existe plus car effacé par cette menace informe, confuse.
Peur ogresse se repaissant d’espoir et de gaieté, désossant le présent, le futur, dévorant tout élan.
Peur au rictus de hyène tapie dans le noir, attendant l’occasion, attendant le moment, exerçant ses mâchoires qui ne s’ouvriront plus une fois la proie prisonnière de leur étau.
Paralysie mentale, physique, le cœur ralenti, le corps refroidi, la vie anéantie.
Ce brouillard sans corps, linceul indéfini que seul le réveil pourra déchirer.
Peur du noir, de la nuit, de l’obscur moment où la force vitale est à son plus faible.
Panique annoncée, familière et répétée …
Il est deux heures du matin et je te reconnais.
Nous allons ensemble à nouveau partager un café.
Diana W.