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Que t’est il arrivé à neuf heures quinze, boulevard des Sablons ?

Dans ta Clio verte, tu ne fais pas la fière, tu as la chair de poule, tes mains tremblent, tes jambes sont en coton, ton ventre est noué, ta voiture ne veut plus repartir. Impossible pour l’instant. Il faut te l’avouer tu as eu peur.

Que s’est-il passé ?

Tu aurais pu recevoir un coup, ils auraient pu d’un revers de bras, te jeter à terre. Petite brunette poids plume pour qui te prends-tu ? T’interposer entre deux grands gaillards est ce bien raisonnable ?

Quels sont les faits ?

Un matin de ciel bleu frisquet, aux abords du Bois de Boulogne, à 9h 15 exactement deux individus en complet cravate impeccable, sortent de leur voiture, prêts à en découdre. Ce sont ni des voyous, ni des fascistes, juste de bons citoyens, carrure la quarantaine, allure père de famille, genre cadre supérieur, sévissant dans une tour de la Défense, deux hommes qui en viennent aux mains un banal jour de semaine.

Quelle mouche les a piqués ?

Le boulevard est encombré ce matin là comme tous les jours de semaine, la météo est clémente, ni vent ni pluie, ni verglas. Ce bouchon est habituel, quasi-quotidien, pas de quoi en faire un drame. Pourtant, Le grand barbu costaud a frappé l’autre, de même taille, un peu plus élancé, cheveux clairs tirant sur le roux.

Quel est le mobile ?

Le pare-choc de leurs voitures est intact, aucune bosse, ni éraflure. Se sont ils seulement effleurés ? En quelques secondes ils ont jailli de leur véhicule, pour s’injurier avec quelques noms d’oiseaux et sans attendre, pour en venir aux mains. Pas de motif apparent.

Que voulais-tu prouver ?

Bien sûr, la situation est incongrue, du Grand-Guignol. Ce spectacle t’a saisi, quelle absurdité ! Sans réfléchir, tu es sortie de ta Clio, impassible tu as foncé droit vers eux, tu as tapoté l’épaule du plus costaud en l’interpellant d’un claironnant «  Mais Ça va pas ! « 

Leurs regards se sont tournés vers toi, ébahis. Instantanément leur colère s’est dégonflée tel un ballon de baudruche. Sans un mot

chacun a regagné son automobile et a repris sa route.

Qu’est ce qu’il te prend alors, à trembler comme une feuille ?

Bien au chaud dans ta Clio verte, enveloppée de ton manteau d’hiver, ton corps frissonne de la tête aux pieds. Tu ne peux pas t’empêcher de claquer des dents. Tu n’as pas eu froid, tu n’as pas la fièvre non plus. Aurais-tu eu peur ?

Mais de quoi ?

Toi qui enfant se cachait sous la table, toi qui timide longe les murs, toi dont les mots s’entrechoquent quand l’émotion te submerge, toi qui évite de parler en public, toi qui t’effaces telle une ombre. Aucun doute, aujourd’hui, tu as pris un risque.

Aurais-tu peur de ta propre audace ?

     Françoise L.

 

Tag(s) : #Textes des participants, #La peur
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