Cette attente est longue….
Pas longue, difficile…
Pas difficile, envahissante….
Cette attente de l’instant où il faudra décider, sans aucune possibilité de retour en arrière.
Attente de la décision finale qui, on le sait, arrivera. Mais on ne sait pas quand.
La certitude d’une échéance avec l’incertitude du moment où elle arrivera.
L’attente qui ne permet pas de profiter de l’instant présent, qui force à se projeter dans l’après, à s’attendrir de l’avant, mais se refuse à sourire du maintenant.
Alors que c’est ce qu’il faudrait faire.
Elle va partir.
Et pour qu’elle parte sans peur et sans souffrance, ce sera moi qui devrai décider de l’instant où le compteur s’arrêtera.
Plus que la tristesse de l’absence inévitable, c’est cette responsabilité qui me paralyse.
Même si ce n’est pas la première fois, je ne m’y habitue pas. Jamais ce ne sera un geste anodin.
Comment décider de ce qui sera bon ?
« Attendre les symptômes » a dit le praticien.
Et si entre les symptômes elle continue de manifester sa joie d’être au monde ?
De quel droit mettre un terme à ces moments de joie ?
Laisser les symptômes s’installer ?
Mais n’est-ce pas faire place à la souffrance que je veux lui éviter ?
Choisir l’instant…
Elle, elle n’attend pas. Pas ça, en tout cas. Elle ne sait pas.
Elle vit.
Son attente n’est que celle d’un instant, et elle le vit à fond.
Attente de la nourriture.
Attente de la caresse.
Attente de mon retour.
Toute attente pour elle est joyeuse, promesse d’un moment agréable qui vaut la peine d’être vécu.
Prendre modèle sur cette joie, ne pas anticiper le malheur…
Arrêter de vouloir combler le manque avant même qu’il ne s’installe.
Prendre plaisir d’un regard, d’une demande de caresse, d’un bond joyeux, d’un soupir de bien être, d’un éternuement d’enthousiasme.
Prendre plaisir à la vie.
Verra-t-elle le printemps ?
Séverine L.