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« On ne peut bien écrire que ce que l’on ignore, on ne peut bien écrire qu’en allant  vers l’inconnu » Christian Bobin.

L'attente

Dans mon attente présente, il y a de l’espoir mêlé de certitude. C’est rare pour une attente. Oui, c’est la certitude de ne pas être déçue lorsque j’arriverai au bout de mon attente.

Que peut bien être cette attente ? Et  bien celle du Printemps. La fin des jours gris, le sacre du printemps quand la terre gonfle de ses semences, la douce chaleur du soleil que l’on croyait disparue à jamais, les jours plus longs, les oiseaux retrouvant leurs chansons, l’éclatement des bourgeons, tout se réveille, les couleurs reviennent. Chaque année le même miracle se reproduit et pourtant c’est comme une première fois avec  un même étonnement émerveillé. La transformation s’effectue également à l’intérieur de nous. Le désir de tout renaît malicieux et exigeant. On a envie d’entreprendre. Notre curiosité est renouvelée et décuplée. C’est une renaissance au même rythme que celle de la nature.

Le voyage en train

Un de mes multiples allers et retours de Paris et du Perche. Ils se ressemblent tous, me direz-vous, depuis le temps. Et bien non, parce que les circonstances, les saisons changent et moi, je suis à chaque fois différente. Fatiguée, impatiente, préoccupée, dolente, rêveuse, lectrice ou songeuse, je regarde défiler les villages traversés qui me rapprochent de ma destination. J’observe aussi tous ces voyageurs que je côtoie sans avoir envie de les connaître. Ils sont des milliers. Les inconnus d’un temps de voyage que je ne reverrai jamais et que je ne reconnaîtrai pas. Il y a bien quelques sourires échangés, un « pardon », un « merci » entre inconnus civilisés, mais tout est impersonnel. Comme beaucoup, lorsque j’entre dans un compartiment, je me précipite sur les deux places seules de manière à n’avoir aucun vis-à-vis ; sur le siège d’à côté, je n’accepte que mon petit bagage que je dégage en général à Versailles quand il y a beaucoup de monde. Je m’installe près de la fenêtre de préférence et je regarde le paysage que je fuis ou qui me fuit. En ce moment, il est plutôt terne et humide ; la Beauce n’en finit pas de s’étirer dans sa platitude vers un horizon gris, des gouttes de pluie s’accrochent maladroitement sur les vitres. Le train passe comme le temps à son rythme. La porte s’ouvre aux arrêts et le froid s’engouffre le temps d’un inconfort passager. Tout le monde lit, dort ou use de son portable.

En fait, j’aime assez ces déplacements réguliers et impersonnels dont le seul intérêt est de me transporter, ce sont mes petites parenthèses à moi où je m’appartiens, des petites coupures, des traits d’union entre mes différentes occupations parisiennes et campagnardes, toutes deux indispensables. Finalement, j’aime bien voir tous ces gens que je n’ai pas envie de connaître, ils font partie du voyage, du décor au même titre que les paysages changeant avec les saisons.

Pascale G.

 

 

 

Tag(s) : #Textes de l'atelier, #Pascale G
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