Hiver. Pas de soleil depuis plusieurs jours, plusieurs semaines peut-être. Juste le plafond bas des nuages gris de nos pays tempérés. Aujourd’hui, il pleut ; une pluie morne, glaciale, sur les feuilles mortes répandues en un tapis sombre et flasque, épais, sur la terre détrempée. Il est loin le temps du crissement des feuilles dorées de l’automne,légères comme des papillons, volant gaiement sur les ailes du vent. Bien loin leur bonheur de se rencontrer pour danser en rond dans les courants d’air. Aujourd’hui, rien ne viendra. Il faut attendre. Attendre quoi ? Probablement rien, aucune joie.
Aucune joie ? Allons donc !
Dès la mi-janvier, les jonquilles amorcent leur percée. Elles ne cachent plus leur volonté de se montrer. Ces vaillants petits soldats dressent en rangs serrés leurs lances d’un vert tendre vers le ciel, perforant allègrement les feuilles moribondes abandonnées là. Juste à côté, le dard pourpre des pivoines pointe déjà, s’apprêtant à révéler leur éclat -dans quelques mois certes mais, la préparation, c’est une longue entreprise...Chaque minute participe de l’évolution inéluctable de l’éclosion, chaque jour est une nouvelle étape dans la germination lente et secrète de la nature.
Patience ! clame la nature ;savoir apprécier chaque instant du présent, c’est cela qui donne à l’attente de l’évènement, heureux ou malheureux, toute sa consistance, tout son poids. Et l’attente d’un merveilleux printemps, n’est-ce pas la promesse d’une joie ?
Alors, s’il te plaît, enseigne-moi l’attente.
Fredaine