Quand tout à coup, le corps m’a lâché, j’ai d’abord eu un mouvement de chute et d’abandon ; je suis restée sidérée pendant un temps qui n’en n’était pas un, un hors-temps vertigineux, abysses obscures où la pensée n’a plus court, où ça ne respire plus. Puis, comme lorsque le pied du plongeur en apnée le force à activer l’énergie pour remonter à la surface, emplir ses poumons douloureux d’avoir tant attendu, ma psyché est venue au secours de ce corps malmené. Mon imaginaire, peuplé de myriades d’histoires, pulsait de décors merveilleux, de douceur et de joie.
Ma respiration, courte et malhabile, a repris peu à peu un rythme rassurant, la vie si fragile et si forte à la fois, a retrouvé une énergie que je croyais perdue. Comme une présence bienveillante qui vous prends par la main, un voyage intérieur s’effectua à mon insu, mon corps douloureux se laissa envelopper par le baume de ces images. Pensée et corps marchent à l’amble et peuvent beaucoup l’un pour l’autre, si chacun d’eux accepte de lâcher la maîtrise et de laisser s’opérer le miracle de la vie.
Marcelle Juillet 2018