Un village inconnu. Retiré. Des ruelles. Des marches. Une fontaine. Des places écrasées de soleil. Des chats lovés sur les appuis des fenêtres closes. Des fleurs éclatantes. La stridulation des insectes. Un lavoir. Des chiens affalés sur les paillassons. Un silence de sieste.
Je marche avec précaution pour ne rien troubler, ne rien déranger de cette perfection enchantée. De larges marches me guident vers une place vide. La place de l’Eglise. Un figuier y dispense son ombre odorante et accueille le passant avec son banc de bois blanchi par les années. Mon temps de repos s’étire avec gourmandise. Je souris à l’abeille qui passe et me retient de lui parler. Je me sens enveloppée, protégée, bercée, apaisée.
Quelques sons étrangers à ce silence campagnard me rejoignent. Je tourne la tête pour en repérer l’origine. Aucune fenêtre ne donne sur cette place et pourtant, j’en suis sûre, le son qui m’étreint est tout proche. Tel un aveugle, je progresse les yeux fermés vers cet étirement langoureux et sourd. Arrêté par les marches de l’église, j’ouvre les yeux et distingue une minuscule ouverture au-dessus de la porte fermée. Ce n’est même pas une fenêtre…tout au plus un fenestron aurait dit ma grand-mère. Une vitre sale, maculée, oubliée, cassée dans un coin par une pierre certainement impie. Les notes s’égrènent par ce trou, sons larmoyants et plaintifs qui me poussent cependant à fredonner. L’émotion cisaille ma voix. Un harmonium. Certainement un prêtre qui joue dans l’église fermée aux visiteurs.
Mais c’est quoi cet air ? Je le connais…
Mon Dieu ! Elvis ? Dans une église ? Un prêtre rock’en roll ici ?
« Love me tender » à l’harmonium !
Merci Monsieur le Curé !
Dominique B.
7.9.2018