En été, nous disions que nous allions en France, comme si nous savions bien que l’Algérie n’était au fond pas la France. Une partie de nos vacances se passait en Haute-Savoie à La Clusaz.
Sur les chemins et dans les prés, s’étalaient parfois une ou plusieurs bouses. de vache que nous essayions consciencieusement d’éviter, mais avec difficulté dans nos courses poursuites endiablées.
Je ne m’en souviens plus très bien, mais il me semble que la bouse de vache ne dégage des effluves significatives que lorsqu’on marche dessus. Nos parents multipliaient les précautions pour nous éviter cela, mais nous tombions parfois dans le piège de l’inattendu, parce que nous n’avions rien vu, parce que l’odeur n’était pas perceptible.
Avec le tintamarre de la cloche des troupeaux, c’est cependant un signe qui m’a marquée dans le paysage de Haute-Savoie, celui d’une nature harmonieuse et sans contrainte.
Je sais aujourd’hui que ce sont les bousiers qui débarrassent les champs et les chemins des bouses de vaches. Ces coléoptères fantastiques poussent des boules de bouse qu’ils modèlent avec leurs pattes et leurs antennes et qui peuvent faire jusqu’à dix fois leur poids. Ils nettoient ainsi la nature. L’une de leur caractéristiques étonnantes qu’ont montré les scientifiques est aussi qu’ils s’orientent à la lumière de la Voie lactée. Malheureusement ils sont en train de disparaître car chevaux, vaches et animaux domestiques sont gavés de vermifuges sans nécessité par les vétérinaires.
Les champs et les chemins en Haute-Savoie sentent-ils encore la bouse de vache ?
A l’époque, les agriculteurs conduisaient eux-mêmes leurs troupeaux aux champs. L’industrialisation a arasé tout cela, les vaches ont les cornes coupées, sont parquées dans des étables, la traie se fait à la machine. Martyre des animaux pour satisfaire l’appétit grandissant des humains de dévorer la planète.
Qui a vu une vache courir désespérément derrière une voiture qui emmenait son veau se pose des questions.
Christine L.