Nous avons visité un soir le tombeau de la Chrétienne, situé vers Tipaza en Algérie.
Je savais que mes parents voulaient nous le faire connaître. C’est un monument dont on ne sait pas encore s’il date de l’occupation romaine ou de la période mauritanienne de Juba II.
Le jour tombait, nous fûmes conduits par un Algérien gardien des lieux, qui s’éclairait et nous éclairait avec une torche fonctionnant à l’huile. L’odeur de fumée et le grésillement de la torche se mêlaient à l’imprégnation de l’humidité ambiante, de l’eau qui coulait sur les murs de pierres, de la mousse, du sol en terre battue.
Le tombeau de la Chrétienne est une sorte d’immense escargot et nous avancions sans savoir exactement où le gardien nous emmenait. Je ne me souviens plus de la fin de l’exploration, l’un des mots favoris de mon père.
L’homme parlait peu mais gentiment. Ce n’est pas de lui que nous avions à craindre. Nous faisions la visite au pas de course car il allait fermer quand nous étions arrivés. Enfin, nous rebroussâmes chemin, et en sens inverse reprîmes le long cheminement vers la lumière.
L’atmosphère, noire, opaque, uniquement trouée par la lumière de la torche qui fumait et les odeurs de ce tombeau qui nous arrivaient depuis l’époque romaine ou avant avaient de quoi faire frémir les narines et nous enveloppaient comme une main.
Arrivés dehors, nous partîmes assez vite. Nous apprîmes de nos parents quelques années plus tard qu’ils avaient décidé de faire cette visite malgré la crainte d’une possible embuscade à la tombée de la nuit. Je leur suis reconnaissante d’avoir dominé leur peur, qui n’était pas comme nous simplement celle de la pénombre et des odeurs de catacombe, et de ne nous avoir rien dit que d’admirer la construction.
Christine L.