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Automne 1954
S’il m’est possible de raconter ma naissance c’est grâce aux tendres confidences de ma  mère et au récit qu’elle nous a laissé dans un cahier d’écolier sur les moments marquants de sa vie d’enfant, de jeune fille et de jeune femme.
De cette précieuse lecture, je peux retracer le début de mon histoire. 

A l’automne 1954, cela fait presque un an que mes parents se sont installés à Gétigné, un bourg de 1900 habitants sur les bords de la Sèvre Nantaise. Ils sont jeunes mariés et viennent d’acquérir leur première affaire, une boucherie. Mon père, artisan boucher, a quitté Paris et Maman, préparatrice en pharmacie, la Vendée. 
Les débuts sont durs surtout pour Maman qui doit apprendre un nouveau métier loin de l’atmosphère feutrée de la pharmacie. Néanmoins, elle s’adapte à sa nouvelle vie avec Amour et détermination et très vite elle seconde efficacement mon père dans la gestion de leur commerce. Tous les deux travaillent énormément.

Peu leur importe les journées qui commencent à 5h du matin pour se terminer à 20h et plus ils sont heureux. Mon père est très affable, novateur, Maman discrète et bienveillante. Très vite ce jeune couple dynamique est très apprécié par ses clients et les autres commerçants de la commune.
Quelques mois après leur installation, ils attendent avec bonheur leur premier enfant. Maman est une belle jeune femme en parfaite santé, elle rayonne pendant toute sa grossesse sans changer le rythme de ses journées. Je fais partie de leur quotidien, de février à octobre je m’adapte parfaitement à leur projet de vie dont je fais partie maintenant.

A l’époque, la tradition veut que le boucher et son épouse organisent les repas de mariage, le boulanger est lui aussi sollicité pour l’élaboration de la pièce montée.  Le vendredi 22 Octobre, veille des festivités du mariage, Maman aidée d’une cuisinière, prépare les plats pour le déjeuner et le dîner du lendemain. 

Nous sommes le samedi 23 Octobre, Maman est enceinte de 9 mois, malgré tout, elle veille activement au bon déroulement des repas de noces. Vers 1h du matin, avant le bal, mes parents quittent la salle des fêtes et rejoignent leur domicile. Maman est fatiguée et commence à avoir ses premières contractions au milieu de la nuit.

Mon père fait le maximum pour l’accompagner et la rassurer, mais reste néanmoins impuissant face à ses douleurs. Dans les années 1950, la préparation à l’accouchement et la place du père durant le travail sont encore très confidentielles. Il est 6 heures du matin, mon père prend avis auprès de la boulangère ( matinale comme il se doit et probablement déjà mère de famille !). Au rythme des contractions, il est impératif de partir au plus vite pour la clinique à Nantes. Les 30 km de départementale ont dû paraître interminables à ma mère.
Nous avons tenu bon tous les trois jusqu’à la clinique. J’imagine une certaine agitation à l’arrivée de mes parents. Ma mère est rapidement prise en charge. Elle attendra d’être en salle de naissance pour me mettre au monde. Nous sommes le dimanche 24 octobre, il est 10h du matin. Je suis examinée, évaluée, je reçois la note de dix sur dix ! je pèse 4 kg ! Bonheur, émotion et fierté de mes parents. Je pense que ma mère doit être épuisée …. 
Après les premiers soins, je suis habillée d’une brassière blanche en voile de coton (que Maman a toujours gardée) d’une autre brassière blanche en laine tricotée, enveloppée d’un lange, un petit bonnet sur la tête et des “bottons” en laine à mes petits pieds ; la tenue des nourrissons dans ces années-là. À la grande fierté de mes parents, j’ai été déclarée le plus beau bébé du jour. Je suis passée de bras en bras et de chambre en chambre. 
Notre séjour à la maternité est très court. Maman se remet rapidement de son accouchement, je ne demande aucun soin particulier, je suis en pleine forme. Pas d’allaitement, je serai nourrie au biberon. 

Nous sommes rentrés tous les trois à Gétigné. J’ai découvert ma maison avec son joli jardin. Maman a repris aussitôt son travail à la boutique. Dans mon landau je ne suis jamais loin d’elle, parfois même dans la boutique ! Ma chambre est juste au-dessus de la boucherie. Aux dires de Maman je ne suis pas un bébé compliqué, je suis un bébé heureux, joyeux qui s’adapte à toutes les situations . Je ne manque de rien.
Mes parents m’ont donné un Amour infini, celui qui compte et vous construit pour toute une Vie.

Patricia de P.
 

Tag(s) : #Patricia de P., #Textes des participants, #Naissance
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