Le Confessionnal

Il fait chaud ce jour là, plus que chaud, caniculaire même. Sabine est éreintée, cela fait une bonne heure qu’elle arpente la ville. Ses jambes se font lourdes, ses pieds douloureux, son visage rouge de chaleur. En remontant la rue Notre Dame elle s’interroge : Où s’asseoir ? Elle n’a pas très soif et n’est pas d’humeur à entrer dans un café pour s’installer seule à une table. Sabine alors gravit les marches du parvis de la cathédrale. Elle sait qu’elle y trouvera ombre et fraîcheur. Elle avance dans la nef et s’assoit sur le bas-côté, à l’extrémité d’une rangée de chaises. Une fois posée, elle s’écroule : Qu’est elle venue faire dans cette ville ? Qu’espère-t-elle y trouver ?

Après une longue carrière d’employée modèle dans une administration publique Sabine a déménagé dans cette petite ville normande. Sa retraite ne lui permet plus d’habiter la région parisienne. A l’agitation de la métropole elle préfère le calme de la vie de province. Pourquoi cette cité ? Louis, son cher Louis y a vécu une enfance heureuse. Il lui en a toujours parlé comme une jolie bourgade, paisible et douce. Elle lui a promis. Après l’avoir enterré dans son caveau familial, elle a cherché et trouvé facilement un appartement deux pièces au deuxième étage d’une petite résidence, à quelques minutes à pied du centre ville. Elle y a emménagé le mois dernier. Du balcon de sa chambre elle peut entendre le roucoulement des tourterelles et les cris d’enfants de l’école voisine. Cela la ravit. Ses cartons déballés, son appartement rangé, Sabine s’est levée  ce matin, prête à visiter la ville.        
Voici ce qu’elle ressasse sur sa chaise d’église. Un bruit de porte au loin interrompt sa rumination. De derrière le chœur, un homme vêtu de gris à la silhouette élancée surgit. Il est de belle allure, une bonne cinquantaine, le regard franc. Il se dirige droit vers elle. Quelques mètres avant, il entre dans le confessionnal situé à la gauche de Sabine. Immédiatement son visage s’éclaire : Cela fait bien longtemps qu’elle ne s’est pas confessée. Il n’est pas trop tard pour mettre un peu d’ordre dans sa vie. Elle a bien besoin d’aide, être guidée n’est pas pour lui déplaire. Sabine se redresse, réajuste sa coiffure et déterminée pousse la porte du confessionnal.