Aujourd’hui à l’atelier, leçon de couleurs. Je m’installe à l’écart, sur une table d’un rouge dense, chaud et solide, une bonne assise.
C’est un rouge orangé qui m’éblouit dès la naissance. Je ne parle pas de la couleur de mes fesses, obsession maternelle : surtout qu’elles ne virent pas tomate !
Comme le chaperon rouge je porte cette couleur, l’été je couvre mes pieds de rubis, l’hiver je chausse mes bottines rouges. Ainsi vêtue, je danse la vie.
Le rouge se sait fort et courageux, même dramatique. Il a la couleur du danger comme de l’urgence, il a le gout du théâtre et de l’interdit.
De tout temps ce rouge coule dans nos veines, parcourt nos alvéoles, de bordeaux il se fait vif vermillon, distribue ses bulles d’air à toutes nos cellules. Il est le rouge du vivant. Selon ses humeurs, il teinte les joues des timides d’une fleur coquelicot, de chagrin il rougit les yeux, de colère il les enflamme, visage cramoisi, écarlate. Le cœur est son guide, le maître des horloges, ses battements donnent le rythme, il peut s’affoler à tout rompre comme ralentir sa cadence. Le rouge tapisse notre intérieur, tout en nuances, du garance imposant au corail plus intime.
Toujours du rouge, rien que du rouge, des premiers aux derniers jours. Les femmes en savent quelque chose, de l’adolescence à l’âge mur, tous les mois leur corps pleure, en rouge. D’un discret filet il peut se faire fleuve ou rivière pour l’enfant à venir.
Rouge comme le vin, sang de la terre
Rouge Magenta, brisures de guerre
Rouge sang, douleur et cris
Rouge et noir, éros et thanatos
Chaperon rouge, entre chien et loup
Envie de fruits rouges, tarte aux fraises
Rose Rouge, reine de cœur
Lèvres carmin, rouge passion
Au creux des reins, le rouge désir
Toujours le rouge l’emporte, force de vie.
Je vois rouge, cela suffit ! Demain j’étudierai le jaune.
Françoise L.