La nuit s'est habillée d'incandescence elle porte la longue robe crée pour elle, par Soulages parfum de Cassiopée flash d'une étoile filante, un peu de poudre aux yeux, elle descend. C'est un grand jour pour la nuit elle a rendez-vous, A bord du grand chariot elle descend vers la terre pas trop vite car elle pourrait tomber couverte d'ombres et de paillettes Lampe lunaire à la main, elle descend Car en bas, on l'attend, on s’affaire, on lui sort le grand jeu On doit lui faire honneur, lui en mettre plein les yeux On allume, on éclaire, Il faut que ça brille, que ça scintille On s’éblouit, ça resplendit, ça rutile Ça éclabousse, on lustre les pampilles On allume, ça miroite, Ça réfléchit...la nuit sera bientôt là, A quelques minutes près, elle n'est jamais à l’heure, la nuit Mais en bas, tout est prévu pour la recevoir. Au grand salon, les ampoules d'un certain âge, Coiffées d'un petit chapeau en forme d'abat-jour, parlent entre elles : -- Vous avez vu ? Les nouvelles, quelle honte, quelle indécence ! Plus de chapeau, en transparence, on leur voit tout ! Et en plus, elles sont laides ! C'est un comble ! Un peu plus loin, les allogènes un peu gênées, frétillent, toujours pleines d'énergie Mais pour elles c'est clair, elles n'en ont plus pour longtemps. Le lustre s’esbaudit, au-dessus de la mêlée, Ses pampilles s'entrechoquent dans un bruit de vieux dentier Il rit jaune l'ancêtre car avant c'était mieux … ! Mais cela fait des lustres ! Dehors au carrefour les phares des voitures hurlent de rire en se faisant la course, et les néons titubent à l'entrée des cafés. Les lampions caracolent ils ont le feu aux fesses dans leurs jupes de papier, les loupiotes clignotent et dansent la carmagnole Deux bougies fondent en larmes, tremblotent et se consument … La nuit n'est pas déçue, juste un peu fatiguée, ses beaux yeux sont cernés , son habit est terni , ses paillettes envolées , elle reviendra demain c'est promis .