Je n’ai jamais aimé la nuit, pour moi synonyme d’angoisse. Mais une fois que j’étais dans mon bureau, la nuit m’accueillait avec bienveillance. Mon bureau, c’était le plus beau bureau du monde parce qu’il volait à 10 000mètres au-dessus du sol. Un avion, ça s’appelle. Mais là, dans le cockpit, le spectacle est là. Le décollage est un lever de rideau. Le ciel de beau temps d’un bleu flamboyant est impossible à reproduire. Tout est calme. Les lumières du poste réduites au minimum pour jouir de la vue extérieure. Mais nous n’assistons pas à un spectacle, nous sommes dedans. Clin d’œil d’une étoile filante, présence rassurante des constellations familières. J’aimais particulièrement le Baudrier d’Orion en forme de T, et le W de Cassiopée. Mes amis galactiques. Une nuit d’été étale sa magie sous nos yeux, nous simples terriens admis à circuler sur l’autoroute des étoiles. Quelle chance, quel bonheur. Une nuit de travail, oui, mais bien plus que cela. Une paix bienfaisante se diffuse à l’extérieur et à l’intérieur du poste. Je me surprends à sourire de bien-être, sans craindre de passer pour une folle aux yeux de mon collègue, car il sourit aussi. Des illuminés, de simples petits terriens dans la splendeur du morceau d’univers que nous avons la chance de contempler, dans chaque somptueuse nuit d’été.
Claudine O.