Il se tient là, devant moi, immobile. Un peu raide. Seules ses mains esquissent quelques mouvements saccadés. Ces mains aux longs doigts écorchées, raturées, endeuillées aussi parfois, ces mains que je savoure sur ma joue et me content ses journées. Miel et herbe coupée s’entremêlent autour d’une graisse de moteur rance. Puis le savon noir laisse place à notre vie. Paisible.
Pourtant aujourd’hui…
Dès son entrée dans le salon, un effluve bizarre m’a assaillie. Une fleur blanche peut-être. Suave jusqu’à l’écœurement, vapeur rampante qui s’installe cependant, capiteuse. Tout se désorganise alors sous le joug de ce relent doucereux.
Qui est là ? Je m’approche de lui, de son corps. Son Armani est lui aussi coiffé de ce bouquet blanc, infect exotisme de pacotille. Il se refuse à mon flair inquisiteur et recule. Mais j’ai perçu et reconnu sous les miasmes nauséabonds le parfum délicat de sa sueur, un peu sucré, qui signe l’intimité de deux corps. La fadeur musquée qu’il me réservait.
Ça hurle, ça vocifère en moi. Mais je peux à peine chuchoter.
« Va-t’en. Tu pues l’amour. D’une autre »
Dominique Olsenn