Je suis l’Insondable, l’Insaisissable, l’Indomptable.
Je suis le répit de vos vies, envahisseur discret et sans brutalité.
Je suis le silence peuplé des forêts, le ressac apaisé des mers. Les minuscules s’ébattent sous ma protection. Parées de mes brumes, les couleurs s’éteignent.
Je suis l’écrin du regard tendre des amoureux et de leurs mains nouées, de leur désir brûlant parfois.
Je suis l’éclairage mouvant qui bleuit les montagnes enneigées.
Je suis l’oubli et la rémission, le renouveau aussi.
Je suis le miroir de vos pensées, de vos rêves ou de vos douleurs.
Je suis le gouffre où macèrent vos terreurs.
Je suis l’éphémère et la durée.
Je suis l’absence ou sa promesse.
Je suis le port de votre vacance.
Je suis l’intermède patient de vos jours.
Je suis l’intouchable et inaltérable beauté du mystère. La troublante splendeur de mon immensité sans dessein vous envoûte ou vous déchaîne.
Je suis la messagère de l’ailleurs qui voile les regards.
Je suis… La Nuit.
Dominique Olsenn