Le renouveau printanier s’annonçait, et la nature émergeait de son carcan hivernal.
‘’Un cruel coup du destin’’ dévasta la vie de Ian …
Quelques projets se profilaient dans leur vie de couple et brutalement Clémence lui annonça qu’elle désirait reprendre sa liberté !
Des questions fusèrent !
La plus pertinente était la rencontre avec un autre homme ?
Abruptement elle lui asséna :
je suis tombée en amour pour une femme et nous aspirons à vivre ensemble.
Réplique difficile à assumer, qui le laisse désemparé et sans aptitude à lutter.
Effectivement, depuis quelques temps, il ressentait un certain détachement de la part de sa compagne, qu’il attribuait à la fatigue et à des préoccupations professionnelles.
Ils avaient une passion commune ‘’les voyages’’!
Ian, dans un passé récent, avait envisagé un voyage en Italie dans la région du Latium pour les besoins du roman qu’il venait de commencer à écrire.
Son récit se déroule à l’époque de la civilisation des Étrusques, qu’il a toujours admirée et qui le fascine. La région abonde en vestiges architecturaux et artistiques.
Il souhaitait s’imprégner de l’ambiance et des paysages de cette contrée et réactiver le souvenir des lieux de mémoire.
Après le départ de Clémence, afin de s’arracher à l’abattement et à la tristesse qui le submergeaient par vague, il organisa son voyage vers l’Italie et Tarquinia, ville ayant appartenu à l’une des douze cités-Etats de l’Étrurie au 7éme siècle avant J-C.
Il projeta de partir en voiture, afin de s’arrêter au gré de ses fantaisies.
Inutile de transformer cette traversée de la France en pèlerinage ! Donc, il évita soigneusement les endroits où il s’était rendu avec Clémence.
Aprés le passage du Col du Grand St Bernard, descente vers l’Italie. Destination Tarquinia, où il va séjourner.
Tout en roulant, son esprit vagabonde, des pensées surgissent ! Un souvenir émerge lié à cette ville...
L’été qui avait suivi l’obtention de son bac, il était parti avec un copain sillonner les routes italiennes. Lors de leur séjour à Tarquinia, la rencontre avec deux sœurs citoyennes de cette ville leur avait permis de développer la pratique de la langue et leur cœur n’avait pas résisté au charme de ces ravissantes jeunes filles.
Les années ont passé et le voilà à nouveau célibataire !
Ian prévoie de séjourner un certain temps dans cette ville. Il a réservé par internet un petit appartement dans la maison Caseta di San Martino appartenant à une certaine Claudia.
Les excellentes appréciations des clients et les photos l’ont décidé à le louer. L’habitat semble plein de charme et situé en plan centre.
Effectivement, il est emballé par sa situation et le logement le séduit ! L’installation dans cet appartement lui procure un sentiment d’apaisement et l’oppression qu’il ressentait depuis des jours se dissipe dans ce décor.
Les premiers jours, afin de se plonger dans l’ambiance de la ville, Ian arpente inlassablement le dédale des charmantes ruelles entourées de fortifications et émaillées de hautes tours qui, immanquablement, font penser à celles de San Gemignano. Des taches de verdure font ressortir la couleur ocre des maisons qui se détachent sur l’azur du ciel.
Il apprécie s’imprégner de l’atmosphère de cette ville, sans programme défini. L’état d’émotivité qui l’habite le rend particulièrement réceptif à la beauté qui l’entoure…mais accentue son sentiment de solitude! Il souhaiterait partager ses émotions et ses ressentis.
Une halte reposante, en bordure de la margelle d’une fontaine, bercé par le chant de l’eau qui s’écoule...
Arrêt dans des trattoria, afin de se désaltérer ou prendre un repas, tout en observant les clients attablés devant leur verre.
Il tente de deviner les sujets des conversations, mais son vocabulaire dans cette langue est assez pauvre.
Ses pas vont le conduire à la place Cavour, où siège le Palazzo Vitteleschi, merveille d’architecture.
Il fut construit au 15éme siècle et il abrite le musée d’archéologie, célèbre par ses collections de vestiges étrusques, et dont certaines proviennent de la nécropole de Monterozzi. La façade sur rue est assez sobre et elle offre une paroi droite percée de quelques arches et d’un monumental escalier. La cour intérieure est magnifique avec ses coursives sur deux étages bordées d’arches arrondies soulignées par des frises.
Ian va parcourir les salles du musée prenant des notes et des photos pour son roman. Il admire les sarcophages sculptés, les nombreuses fresques, les présentoirs de bijoux en or et pierres précieuses et les célèbres Chevaux ailés, chef d’œuvre de l’art étrusque réalisé en terra cota qui figurait au fronton du temple de l’Ara della Regina (Autel de la Reine).
Marguerite Duras dans son livre ‘’Les petits chevaux de Tarquinia’’ fait référence à cette œuvre merveilleusement conservée.
Des poteries peintes en grand nombre garnissent les vitrines.
Il s’émerveille du talent et de la virtuosité des artistes de cette civilisation.
Sillonnant ce musée plusieurs jours de suite, il croise à plusieurs reprises une jeune femme dont la blondeur attire inévitablement le regard. Elle est accompagnée à chaque fois d’un groupe de visiteurs à qui elle présente les collections du musée avec passion et enthousiasme. A chaque rencontre, Ils échangent un sourire. Lui tournant le dos, il perçoit son regard qui le suit dans ses déplacements…
Abandonnant le musée, ses pas le dirigent vers l’église de Santa Maria di Castello, située à l’extérieur des murs médiévaux. Elle permet d’accéder à un Belvédère qui offre une vue merveilleuse sur la mer et la campagne autour de Tarquinia.
Cette ville est renommée pour sa nécropole de Monterozzi qui remonte au VII éme siècle avant J.C.
Ses pensées admiratives s’envolent vers ces hommes d’un autre
temps qui ont foulé ces terres et qui laissent des œuvres
innombrables résistant au temps et traversant les siècles.
Ian va poursuivre ses visites par cette nécropole, également
surnommée nécropole de Tarquinia. Il va la parcourir de long en
large.
Elle regorge d’une multitudes de tombes, certaines creusées dans la roche et d’autres, au nombre de deux cents, abritées sous des monticules de verdure.
Quelques unes ont leurs parois décorées de fresques.
Notre écrivain, à plusieurs reprises, visite les tombeaux les plus illustres. Il s’émerveille de leur état de conservation et il est subjugué par la beauté et la finesse des peintures...
Notamment, le tombeau des léopards offre la vision de scènes de banquet de femmes aux mœurs libérés et le tombeau de la chasse et de la Pêche évoque les passes-temps de l’Aristocratie de l’époque…
La vision de ces chefs d’œuvres vont nourrir sa créativité.
Il s’impose une discipline pour l’écriture. Lever à 7 h tous les matins ; il consacre quelques heures à son roman avant de partir à l’aventure de cette ville séduisante.
Une fin d’aprés-midi, regagnant son domicile à la nuit tombante, il croise la jeune femme à la chevelure vénitienne. Elle lui adresse un sourire charmeur ; il poursuit son chemin mais il revient sur ses pas.
Elle prononce quelques mots en italien…qu’il devine...
A son tour, Il balbutie quelques mots en italien…
- Ah! Vous êtes français ! Lui dit-elle dans un français parfait avec un léger accent…
Elle se présente ‘’Chiara’’
Lui également ‘’Ian’’
Aussitôt, elle engage la conversation. Guide à Tarquinia depuis quelques années, elle adore cette ville où elle a vu le jour.
Elle le questionne sur sa présence et lui propose de l’accompagner pour des visites…
Troublé, il décline son invitation et il met fin à cet entretien…
Rejoignant son appartement, il se sent désorienté par le comportement libre et décontracté de la jeune femme à laquelle il donne une trentaine d’années.
Un peu de légèreté, se dit-il ! Avec mes quarante cinq ans, je ne suis pas un vieillard !
Sa récente rupture lui faisait douter de son pouvoir de séduction et lui avait ôté toute confiance en la gent féminine et surtout en lui-même.
Et soudainement, il doit faire face à cette charmante créature, de plus très séduisante et au naturel décomplexé !
Il s’avoue que le constat de plaire redore son ego!
Le soir venu, fatigué par ses pérégrinations du jour, il décide d’aller dîner dans la pizzeria où il a déjà pris ses habitudes.
Parvenant au rez de chaussée de la maison, il surprend la propriétaire des lieux en grande conversation avec sa séductrice !
En passant, Il les salue toutes les deux sans marquer d’arrêt et poursuit son chemin.
Parvenu à l’entrée du restaurant, Chiara le rattrape, essoufflée.
Hésitante, elle s’exclame d’un air légèrement intimidé :
- On pourrait prendre un verre !
Difficile de refuser à ce visage souriant et charmeur, sans passer pour un être sans cœur.
D’autant plus que surgit le restaurateur qui le salue et s’exclame :
- Vous n’allez pas refuser la proposition de notre Chiara !
- Venez, j’ai une table qui vous conviendra dans le patio...
Ils s’installent et commandent un verre de Chianti qu’elle lui recommande.
- Vous savez, à mon retour dans cette ville après mes études à Milan, j’ai habité l’appartement où vous logez.
A mon départ, Claudia veuve depuis peu, l’a décoré avec goût et s’est mise à le louer avec les service hôteliers.
Une conversation animée s’engage…
Sous l’assaut de ses questions, il lui fait part des raisons de son séjour à Tarquinia.
Elle déborde d’enthousiasme en apprenant qu’il écrit un roman sur cette civilisation qui lui tient tant à cœur, et qu’il a déjà publié des livres, qu’elle veut s’empresser de lire .
Le restaurateur surgit :
- Alors ! Qu’est ce que je vous sers ?
La commande est prise…
Le repas se déroulera dans une ambiance décontractée, Chiara
ne cessant de le questionner sur son livre et son état d’avancement.
Il est heureux d’en discuter et de l’intérêt qu’elle lui porte.
Elle lui propose de l’introduire auprès du conservateur du musée, au cas où il aimerait avoir accès à des documents confidentiels…
Aprés cette soirée impromptue, suivie d’une déambulation dans les rues avoisinantes, l’heure de se séparer est venue. Chiara se hausse sur la pointe des pieds et dépose surs ses joues un baiser rapide.
Ian regagnant son logement se sent nostalgique et bouleversé par cette rencontre.
Jeune femme étonnante par sa personnalité affirmée ! Elle s’est imposée sans complexe et elle a su créer dés le départ une certaine complicité amicale.
La suite de son séjour se déroula comme un enchantement.
Ian ne se reconnaissait plus ! Il maintint malgré tout son rythme d’écriture tous les matins.
Chiara lui communique son enthousiasme et éveille à nouveau son amour de la vie. Elle est intelligente et fine et son regard sur la vie en général et au temps des Étrusques, l’est également.
Dés qu’elle est dégagée de ses visites, il se retrouvent…
Elle lui fait découvrir des lieux peu touristiques et inconnus des guides, qui se révèlent passionnants. Elle l’introduit dans des restaurants, connus des seuls habitués.
Il apprécie sa modestie, apprenant qu’elle est titulaire d’un doctorat d’histoire de l’art.
Deux mois se sont écoulés depuis son arrivée à Tarquinia. Ian doit regagner Paris.
Apprenant cette nouvelle, Chiara a les larmes aux yeux et s’inquiète de l’avenir…
Tous deux aspirent à se revoir.
Ian en la quittant lui remet avec un grand sourire, une enveloppe !
Découvrant un billet d’avion, elle lui saute au cou.
Dans deux semaines, elle le rejoindra à Paris ...
Anne P.