Les longues journées d’été se terminent et se raccourcissent de plus en plus. A l’orée du bois, la nuit s’installe et doucement fait la part au mystère, à l’étrange et à l’imaginaire.
Le temps de l’adaptation des yeux, l’obscurité la plus totale fait place à un peu de clarté. On ne distingue que la cime des arbres grâce à la lune si discrète et majestueuse.
A la tombée de la nuit, les émotions sont à son comble. Une atmosphère lourde et pesante ressort. Un silence complet nous entoure. De temps en temps nous osons chuchoter, nous nous indiquons la direction des bruits qui raisonnent tout autour de nous. On entend des craquements, des bruits, on imagine…
Nous sommes garés à un emplacement idéal pour profiter et essayer de vivre un moment inoubliable, les jumelles infrarouges à la main. L’appel de Dame Nature est vraiment présent. Nous voulons nous joindre et nous confondre avec l’environnement.
Ayant la peur de quitter notre confort en tant que citadin, nous restons bien protégés et au chaud dans notre véhicule. Avec un avantage non négligeable, nous ne risquons pas de nous perdre ni d’être repéré par les animaux nocturnes.
Les silhouettes se dessinent dans le lointain et des hululements se font entendre du haut de ces grands arbres. Quelle beauté ! Une chouette effraie se fait entendre et le pourtour blanc de cette petite tête bouge par saccade. Elle veille sur son territoire. Ces yeux perçant sont à l’affût du moindre mouvement. Une feuille qui bouge, une succession de lignes sous des branches séchées, de vrais pièges pour ces futures victimes. Elle repère sa proie. Silencieusement, elle déploie ses ailes, ses griffes pour attraper des mulots ou des souris et plonge sans laisser la moindre chance à sa cible.
Puis subitement, un cri rauque, assourdissant qui se propage à travers les arbres. Puis un autre et encore un autre… Mais non, ils doivent être plusieurs, ils se répondent. Un bruit pareil ne peut provenir que d’un gros animal.
Nous sommes fin septembre, pour les amoureux de la nature c’est une période nuptiale ou le brame du cerf raisonne pour se faire comprendre de la femelle. Les biches sont là. Le grand cerf prévient qu’il est en rut et qu’il désire ardemment les faveurs de Madame. Le cri est fort, puissant, pour prouver sa supériorité et dissuader les autres mâles de ne pas s’approcher de sa harde.
Avec nos jumelles nous voyons deux mâles se défier. Leur respiration est rapide, il s’échappe une buée dense de leurs naseaux. Ils raclent le sol de leurs pattes avant, on voit la sueur s’agglutiner sur leur gueule. Ils se regardent et foncent littéralement tête baissée vers leur adversaire. Leurs bois s’entrechoquent avec une telle violence, le bruit du choc raisonne avec force dans cet univers sombre et brumeux. Le vainqueur garde son règne et sa promise mais le perdant s’enfuit épuisé, seul dans les bois où il pourra se remettre de ces blessures, si l’issue du combat ne lui est pas fatale.
Cette période est cruciale pour les cerfs car elle ne se reproduira qu’à cette même période, l’année suivante.
Laurence Ch.